mardi 29 septembre 2009

Le même est similaire à l'opposé du contraire

Interview de André Bellaïche, ancien membre du gang des Postiches, dans "le parisien" du 26/09/2009
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Combien de temps a duré votre cavale ?
André Bellaïche. Douze ans de ma vie. Ma cavale a commencé en 1975 après que j’ai découvert dans la presse qu’on m’impliquait dans un hold-up avec prise d’otages, avenue de la République à Paris.
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Comment s’organise-t-on pour vivre aussi longtemps dans la clandestinité ?
On commence par se procurer des faux papiers auprès de personnes qualifiées. Après, on ne reste jamais trop longtemps au même endroit. Quand on est en cavale, le voisinage est un vrai danger. Les voisins se demandent qui tu es, ce que tu fais. On peut vite être repéré par son comportement. Si tu restes chez toi à ne rien faire, c’est tout de suite extrêmement suspect. Tu t’inventes un travail et tu sors tous les jours de chez toi pour t’y rendre. Moi, j’avais trouvé l’astuce de dire que je prenais une année sabbatique pour être tranquille à la maison !
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Je m’habillais comme un bourgeois pour ne pas être repéré. Je ne portais rien d’ostentatoire et je me déplaçais toujours avec un attaché-case pour donner le change.
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on ne vit pas en claquant 10 000 € par jour. On ne peut pas se le permettre. On vit au jour le jour. On ne sort pas en boîte toutes les nuits. On évite de s’afficher quand même.

Que fait-on de ses journées ?
On s’ennuie surtout ! Moi, je me suis inventé des loisirs. J’ai appris à pêcher, à peindre. Je me suis mis à la guitare aussi. On a une telle peur de la prison qu’on se met à ressembler à la personne qu’on a voulu fuir en devenant délinquant : Monsieur Tout-le-Monde, le citoyen normal, le mec rangé avec sa petite vie pépère. Mais on finit par devenir paranoïaque. La moindre personne qui te regarde devient un ennemi. Tu te crois surveillé ou suivi en permanence.

Qu’est-ce qui vous a permis de tenir aussi longtemps ?
On s’invente un avenir. On imagine redevenir un citoyen lambda. Notre Everest en cavale, c’était la vie normale.
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Ca ne manque pas de piquant : le gangster condamné à vivre comme Monsieur Tout-le-Monde, le mec rangé avec sa petite vie pépère...

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