jeudi 1 novembre 2012

François Hollande, dogmatique ou rusé ?

fboizard se demande si "François Hollande [est] dogmatique ou rusé" dans un billet dont celui-ci reprend le titre: "On m'explique que François Hollande est supérieurement rusé, voire retors, et qu'il a bien l'intention de b..ser son électorat et ses camarades, c'est-à-dire de faire ce qui doit être fait pour la France, baisser les dépenses publiques.
...
Pour ma part, je m'en tiens au précepte d'Alain Madelin : si vous hésitez entre l'incompétence et le machiavélisme pour expliquer une décision gouvernementale incompréhensible, choisissez l'incompétence, vous avez plus de chances d'avoir raison
."

Je pense que Hollande est dogmatique *et* rusé. Ou plutôt, il a les 2 facettes, mais ne les exprime pas en même temps.

Je pense que quand Hollande était à la tête du PS, il était plutôt rusé.
(1) il pouvait gouverner à coups de petites phrases, qui avaient de l'effet sur le PS
(2) en tant que parti d'opposition, le premier carburant du PS étaient les mots, les discours et les motions du PS, qui faisaient la pluie et le beau temps des courants et de la politique menée par le PS
(3) Hollande connaissait son petit monde, et était capable de jouer les uns contre les autres, pour qu'ils se neutralisent. D'ailleurs, les différents courants du PS ont été si bien neutralisés que Hollande a à peu près laissé le PS dans l'état où l'avait récupéré.

Le problème, c'est qu'il n'est pas possible de faire la même chose à une échelle beaucoup plus large, en dehors du petit marigot du PS. En effet, à la tête du pays, en tant que président,
(1) les petites phrases ont peu d'effet sur l'économie
(2) les citoyens, contrairement aux membres du PS, ne se payent pas de mots
(3) Hollande est maintenant en dehors du marigot PS, en compagnie de ses semblables étrangers, sur lesquels il n'a que très peu d'influence, car ils ont leur propre agenda et/ou ils ne sont pas de son bord.

Un des facteurs parmi les plus importants qui explique ces différences "avant/après" est que la sphère économique est prédominante au niveau d'un pays, alors que le PS, financé directement ou indirectement par la puissance publique, est en dehors des contingences économiques, ce qui permet, en politique, au sein d'un parti, de se payer de mots.

Une autre façon de dire les choses est de considérer que Hollande n'avait pas prévu d'alternative à la logique des partis. Il n'est pas sorti de ce cadre, mais les recettes qui fonctionnent à une échelle locale ne fonctionnent plus à une échelle plus large, dans un jeu beaucoup plus ouvert; moins corseté par l'idéologie et les règles de gauche.

Bref, les recettes anciennes de Hollande ne marchent pas/plus. Et comme dit Zemmour dans ça se dispute, ils n'ont pas de plan ("le rien a gagné", "il n'y a pas de cap défini", "ils ne savent pas quoi faire"). Et faute d'idée pour dépasser son horizon politico-économique, on peut imaginer qu'il s'est rabattu sur ses réflexes identitaires de base. On peut imaginer qu'après avoir été élu, sa face dogmatique a pris le dessus.

En d'autres termes, les 2 facettes peuvent être présentes chez Hollande. Ceci étant, comme je l'ai écrit plus haut, il est plus probable que ce qui prédomine chez lui actuellement est sa face dogmatique.

Je pense que Sarkozy a été soumis au même problème (une logique dogmatique +/- de parti), mais avec des différences, dont, notamment :
(a) Sarkozy était dans une logique de séduction, et il est allé chercher des gens en dehors de sa sphère de base
(b) Sarkozy est aussi dans une logique de transgression
(c) L'inimitié du RPR vis-à-vis de Sarkozy (à l'époque de Balladur) a du laisser des traces.

Bref, Sarkozy me donne l'impression d'avoir, par moments, voulu secouer le cocotier, mais pas assez fort, pas assez vite, avec des réformes/annonces plus médiatiques qu'effectives, avec des mots plus transgressifs et agressifs que relevant d'une démarche opérante et productive... Bref, notamment par une volonté apparente de réformes, Sarkozy a lui donné, par certains cotés, une image moins dogmatique, mais cela n'est pas allé bien loin.

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